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MISCELLANEES

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Paul Le Cour

 

Témoin de la Tradition

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J.-H. Rosny aîné "La Lumière créatrice" (1928)

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"La Lumière créatrice", publié dans la revue Atlantis n°350 (1987), est la retranscription d'un discours de J.-H. Rosny aîné datant de 1928.

"Le groupement des Amis de l’Atlantide a pris, en quelques mois, un développement digne d'attirer l'attention.

Le nombre de ses membres s'est promptement augmenté et son bulletin mensuel Atlantis», fort élégamment présenté, est devenu l'une des plus intéressantes revues qui offrent aux esprits chercheurs un aliment de science, de philosophie et de traditions occidentales. [...] Le troisième dîner des Philatlantes a été présidé par M.J. H. Rosny aîné qui a improvisé brillamment (c'est le cas de le dire !) une conférence sur la lumière, créatrice du monde." (1)

(1) A. Feuillée-Billot "Chez les amis de l'Atlantide" in La Pensée française & l'Energie nationale de juillet/septembre 1928

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai passé ma vie à créer un système universel ; déjà, à l'âge où j'étudiais, je niais l'attraction universelle, dont j'affirmais l'impossibilité absolue, établie aujourd'hui. Du reste, je faisais frémir d'indignation mon professeur quand je lui exposais mes théories. Dans la dernière partie de ma vie, je suis devenu pluraliste. Je crois que l'Univers est entièrement différencié ; il n'y a pas d'homogénéité — chose impossible —, tout est au contraire varié et variable.

Quoique la plupart des savants soient des monistes, c'est-à-dire professent l'unité du monde, ils sont bien forcés d'admettre un univers différent dans toutes ses parties ; partout, en effet, vous rencontrez des choses différentes ; un verre peut-être, au fond, la même chose qu'un homme, cependant il n'y a pas de doute qu'il n'y ait une différence entre ce verre et M. Le Cour, de même qu'il y a, je pense, une différence entre cette cruche et moi.

Qu'est-ce que notre univers, celui que je considère, avec les savants comme le nôtre ; nos soleils, nos nébuleuses, tout ce que les astronomes peuvent découvrir avec des lunettes ? Derrière le milliard d'astres qu'ils peuvent dénombrer actuellement, il y a des milliards d'autres astres. Il se pourrait même qu'il y eût un nombre infini d'astres ou, du moins, un nombre indéfini. Eh bien ! ce nombre d'astres « par rapport à l'espace de l'univers », ce n'est absolument rien du tout.

Les espaces sont tellement grands qu'il se passe trois ans avant que nous recevions un rayon du soleil le plus proche de nous ; alors qu'un rayon de lumière pourrait faire sept fois le tour de la terre en une seconde.

Eh bien ! ce monde qui nous dépasse tellement, cet espace éthérique devant lequel nous ne sommes rien, les savants ont coutume de dire qu'il est homogène, c'est-à-dire qu'il n'existe pour ainsi dire pas, car l'univers homogène c'est un univers dans lequel il ne se passe rien du tout ; il ne peut rien se passer dans un milieu toujours et partout pareil à lui-même.

Ainsi l'espace formidable où baignent nos astres serait comme s'il n'était pas !

Je prétends, moi, que cet immense univers est tout aussi différencié que le nôtre ; seulement nous n'entrons pas en communication directe avec lui ; il manifeste cependant sa présence par le passage de la lumière, il manifeste sa présence par sa collaboration à des phénomènes éclatants.

Encore une fois, un milieu homogène n'aurait aucune espèce de propriété, quelle qu'elle soit ; le seul fait qu'il participe à des phénomènes montre qu'il est différencié. Je pense même qu'il est aussi différencié que notre petit univers d'étoiles et de nébuleuses et il est des trillions de fois plus considérable que cet univers, le seul que nous connaissions, le seul que nous puissions atteindre — ce qui ne veut pas dire que nous n'atteindrons pas quelque chose de l'univers éthérique.

En cet univers la lumière joue un rôle très spécial, puisqu'en somme c'est parce qu'il y a de la lumière que nous savons qu'il y a d'autres mondes.

Qu'est-ce que la lumière ? Newton prétendait que la lumière était composée d'une quantité infinie de particules qui étaient projetées dans l'espace et devaient être infiniment petites ; mais enfin c'était la matière, une matière quelconque. Plus tard on a prétendu que cela n'était pas vrai, que c'était purement et simplement, comme le son, un rayonnement, une ondulation, qui se répandait à travers l'éther ; on en était alors à la théorie des ondulations qu'on déclarait en quelque sorte parfaite, si parfaite qu'il y a trente ans des savants la considéraient comme la plus grande vérité physique — une vérité parfaite, une vérité complète.

Eh bien non ! Ils ont été forcés d'en revenir tout de même ; de détruire leur système. Ils sont en train de l'éparpiller : d'abord parce qu'on a mieux conçu les atomes, qui étaient d'ailleurs déjà découverts depuis très longtemps. Les Grecs avaient même imaginé toutes sortes d'atomes, des crochus, des ronds, des carrés, des solides, et également des atomes fluides. Mais il appartenait à notre époque — et peut-être d'ailleurs que les Atlantes en avaient fait la tentative —, il appartenait à notre époque de découvrir que les atomes eux-mêmes contenaient des sous-atomes, c'est-à-dire des protons et des électrons. Les atomes d'hydrogène contiennent au moins un proton ; un électron tourne autour du proton ; c'est comme une planète qui tournerait autour d'un astre. On a cru que dans les atomes qui sont formés de protons et d'électrons, il y avait toute une série d'électrons qui tournaient autour de ces soleils que sont les noyaux. Actuellement la forme des mouvements apparaît indécise.

Pour la lumière on a tendance à considérer que la vérité est dans une combinaison des deux théories successivement admises : la lumière se propagerait selon un mode à la fois émissif et ondulatoire. Il y aurait les photons, et les électrons et les trains d'onde. Ainsi, derrière les protons et derrière les électrons se trouveraient les éléments de la lumière, et, selon toutes probabilités, les photons ont été les créateurs de la matière, les photons ont créé les protons. Nous sommes tous les enfants des photons, c'est-à-dire les enfants de la lumière.

Vous voyez, mesdames et messieurs, combien l'étude de la lumière est une chose importante puisque, après avoir, dès les temps primitifs, été la base de toutes choses (que la lumière soit et la lumière fut) ; après avoir été une création qui précédait tous les autres phénomènes, la lumière commence de nouveau à être tout ce qui précède les autres phénomènes. Créatrice du monde pour les anciens, la lumière est, de nouveau, créatrice des mondes pour les modernes.

Quant à moi, je n'en ai jamais douté; j'ai toujours pensé que notre monde était sorti de l'éther ; j'ai toujours pensé qu'il y avait derrière les protons et derrière les électrons, quelque chose d'autre ; que la divisibilité de la matière continuait après les protons et les électrons, et que par conséquent la matière pouvait se reformer.

Au reste, des éléments plus petits que les protons et les électrons, s'ils se trouvent dans la lumière, se trouvent également dans le monde éthéré sous forme invisible, car la lumière n'est pas seulement ce qui éclaire les choses — la lumière qui éclaire c'est ce que nos yeux connaissent de la lumière. Il est nécessaire que nous puissions avoir une prise rapide sur le monde qui nous a été donnée avec cette petite partie de la lumière qui part des rayons rouges et qui aboutit aux rayons violets, probablement à cause des deux milieux dans lesquels nous vivons qui sont l'air et qui sont l'eau.

Dans l'eau, nous ne verrions pas de rayons infra-rouges et les rayons ultra-violets sont absorbés dans les hautes parties de l'atmosphère, ce qui fait que notre vision a été limitée par le rouge et le violet. Pour ne pas compliquer le système déjà compliqué des yeux, la nature s'en est tenue là. Nous aurions pu voir, comme les fourmis, dans l'extrême violet et nous aurions pu voir dans l'infra-rouge !

Dans les parties du monde que nous ne voyons pas du tout, il est une quantité énorme de rayons lumineux qui, tantôt se perdent, tantôt renaissent, qui font de la matière ou qui la défont, de sorte que ce sera encore la lumière, une lumière plus subtile qui continuerait la création de l'univers.

Sur ce que peut être réellement la lumière, intervenant en toutes choses, et, finalement, fabriquant les mondes mêmes et nous fabriquant, il convient que l'homme réserve encore son opinion. Elle ne nous a sans doute révélé qu'un peu, très peu, de sa nature intime...

*Remerciements à Fabrice Mundzik

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